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LE COLLIER DE SOIE

VII. LA SOIRéE DES RéVéLATIONS

         Quelques semaines après la nuit en boîte, Alice décida d’inviter trois de ses amies – Marie, Charlotte et Maude – pour un dîner chez elle. C’était une soirée improvisée, une envie de briser la monotonie entre deux contrats d’art prestigieux, et peut-être de s’amuser un peu aux dépens de Nicolas. 

 

         L’appartement était impeccable, chaque surface luisante sous la lumière douce des lampes design, grâce aux efforts constants de son soumis. Ce soir-là, pourtant, elle lui avait ordonné de se faire discret : une chemise blanche bien repassée, un pantalon sombre, une apparence banale qui ne trahissait rien de leur contrat. « Pas un mot sur nous, » avait-elle prévenu, un sourire énigmatique aux lèvres. « Pas encore. »

 

          À 19h, la sonnette retentit. Nicolas ouvrit la porte, accueillant les invitées avec une politesse irréprochable. « Bonsoir, laissez-moi prendre vos manteaux, » dit-il, sa voix calme masquant l’appréhension qui le rongeait. Marie, une brune pétillante aux yeux rieurs, lui tendit son bombers en cuir avec un « Merci, t’es adorable ! » Charlotte, plus réservée, murmura un vague remerciement en ôtant son trench beige, tandis que Maude, grande et élancée, lui confia une étole en cachemire avec un sourire distrait. Elles entrèrent, leurs talons claquant sur le parquet, et s’extasièrent devant le décor sophistiqué de l’appartement. « Alice, tu vis dans un magazine ! » lança Maude, admirant une toile abstraite accrochée au mur – une pièce qu’Alice s’était faite offrir par un artiste.

 

          Nicolas s’éclipsa en cuisine pour finaliser le repas qu’il avait préparé : un carpaccio de saint-jacques en entrée, suivi d’un risotto au safran et d’une panna cotta à la vanille pour le dessert. Il revint avec une bouteille de Sancerre, servant les verres avec une précision mécanique tandis que les amies s’installaient autour de la table en chêne massif. Alice présidait, sublime dans une robe en soie vert émeraude, ses cheveux relevés en un chignon lâche. Pour l’instant, tout semblait normal – un dîner entre amies, un hôte galant. Marie plaisanta même : « Alice, il est où ton secret pour trouver un mec aussi serviable ? » Les rires fusèrent, et Nicolas baissa les yeux, posant une assiette devant chacune sans un mot.

 

         Le repas se déroula dans une ambiance légère, ponctuée de potins sur leurs vies respectives. Mais à mi-parcours, alors que Nicolas débarrassait les entrées, Alice posa son verre et se pencha en avant, un éclat malicieux dans le regard. « Les filles, » dit-elle, sa voix soudain plus grave, « il faut que je vous parle de quelque chose. Vous savez, avec Nicolas… ce n’est pas tout à fait ce que vous pensez. » Un silence curieux s’installa. Charlotte haussa un sourcil, Maude reposa sa fourchette, et Marie, intriguée, se redressa avec un sourire. « Quoi, vous n’êtes pas ensemble ? » demanda-t-elle.

 

       Alice éclata de rire, un son cristallin teinté de cruauté. « Ensemble ? Oh non, pas comme ça. Disons qu’il est… à moi. Complètement. » Elle claqua des doigts, et Nicolas, qui revenait avec le plat principal, se figea. « Viens ici, » ordonna-t-elle. Il s’approcha, le visage crispé par une honte qu’il ne pouvait cacher, et elle continua, savourant chaque mot. « Nicolas n’est pas mon petit ami. C’est mon soumis. On a un contrat – il vit pour moi, obéit à mes règles. Il fait tout ici : ménage, cuisine, et bien plus. » Les amies échangèrent des regards incrédules. Maude murmura un « Tu plaisantes ? » tandis que Charlotte semblait mal à l’aise.

 

       Mais Alice n’avait pas fini. « Montre-leur, » dit-elle, son ton devenant tranchant. « Déshabille-toi. » Nicolas hésita, les joues brûlantes, mais un regard glacial d’Alice le fit obéir. Il retira sa chemise, puis son pantalon, révélant la cage de chasteté qui brillait sous la lumière tamisée. Un silence choqué envahit la pièce. Maude porta une main à sa bouche, Charlotte détourna les yeux, mais Marie, elle, écarquilla les siens, un sourire naissant sur ses lèvres. « Oh mon Dieu, » souffla-t-elle, mi-scandalisée, mi-fascinée. « C’est… vraiment excitant, en fait. »

 

         Alice ricana, satisfaite de l’effet. « N’est-ce pas ? » ses doigts tapotèrent la nappe. « Sous la table, maintenant. Mes pieds ont besoin d’attention. » Nicolas, humilié mais résigné, se mit à genoux et rampa jusqu’aux pieds d’Alice. Elle retira ses escarpins sous la table et tendit ses pieds nus, encore chauds de la journée. « Lèche, » ordonna-t-elle, et il s’exécuta, sa langue glissant sur ses plantes, entre ses orteils, tandis qu’elle reprenait la conversation comme si de rien n’était. « Il a des règles strictes, vous savez. Il dort au pied de mon lit, nettoie mes chaussures avec sa langue… » Les tintements des verres ponctuaient ses mots, et les amies, sidérées, continuaient à vider leurs verres, oscillant entre gêne et curiosité.

 

         Marie, plus audacieuse, se pencha légèrement. « Et… on peut essayer ? » demanda-t-elle, un éclat joueur dans les yeux. Alice haussa un sourcil, amusée. « Bien sûr. Nicolas, va chez Marie. Ses escarpins d’abord, ensuite ses pieds. Fais ça bien. » Il rampa sous la table jusqu’à Marie, qui gloussa en le voyant approcher. Elle portait des escarpins noirs à talons, légèrement usés sous la semelle. Nicolas commença à lécher, sa langue râpant la crasse incrustée, et Marie étouffa un rire. « C’est dingue ! » lança-t-elle, retirant ensuite ses chaussures pour lui tendre ses pieds nus, encore moites de la soirée. Il lécha consciencieusement, le goût salé envahissant sa bouche, tandis qu’elle soupirait, à moitié sérieuse, à moitié moqueuse. « Alice, tu m’épates. »

 

         Maude et Charlotte, elles, restaient en retrait, échangeant des murmures incrédules. « Vous êtes folles, » marmonna Maude, mais elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil sous la table. Le dîner se poursuivit ainsi, entre rires gênés et anecdotes, jusqu’à ce que le dessert soit terminé. Alice finit par claquer des doigts. « Debout, » dit-elle à Nicolas. Il émergea, le visage rouge, et elle désigna la cuisine. « Range la table, fais la vaisselle. On passe au salon. »

 

       Les amies se levèrent, leurs verres à la main, et migrèrent vers le canapé, laissant Nicolas ramasser les assiettes et les couverts en silence. Dans la cuisine, il lava chaque plat avec une précision mécanique, les éclats de rire et les conversations animées des femmes lui parvenant depuis le salon. Alice, installée sur un fauteuil, une jambe croisée sur l’autre, partageait des anecdotes sur son dernier voyage à Milan, tandis que Marie racontait une histoire de flirt raté, et que Charlotte et Maude tentaient de suivre, encore sous le choc de la révélation. La soirée s’étira, ponctuée de musique douce et de cliquetis de verres, jusqu’à ce que la fatigue les gagne.

   

     Vers minuit, Maude bâilla. « On devrait y aller. » Charlotte acquiesça, mais Marie protesta : « Oh non, pas déjà ! » Alice sourit, souveraine dans son royaume. « Revenez quand vous voulez. Nicolas sera ravi de vous servir. » Elles rirent, récupérèrent leurs manteaux – que Nicolas leur tendit avec une politesse muette – et partirent, laissant l’appartement dans un calme relatif. Nicolas, toujours dans la cuisine, frottait une dernière casserole, tandis qu’Alice, seule sur le canapé, sirotait un ultime verre, un sourire satisfait aux lèvres, reine incontestée d’une nuit qu’elle avait orchestrée de bout en bout.